La roue du changement, proposée par F. Hudson, est un modèle nous permettant de comprendre que le changement est un processus impactant l’individu.

Et, comprendre ce processus permet de trouver des clés pour mieux vivre les phases du changement.

L’origine du modèle

Ce modèle de changement est lié au constat qu’avant les vies étaient linéaires et stables. Il était possible de se projeter sur plusieurs décennies. Le monde de l’enfance était associé à la scolarité et l’apprentissage, puis le monde de l’adulte comprenait le travail, le mariage et la maison, puis les enfants… Les valeurs de famille, de travail et d’honnêteté étaient stables.  La société induisait fortement les choix des individus (via l’Église, l’État, la famille…). Le changement était rare (ex : veuvage suite à un accident durant la jeunesse puis remariage).

A contrario, depuis quelques décennies (à partir des années 1965/70), le passage de l’enfance à la vie d’adulte est moins précis. L’apprentissage se fait tout au long de la vie et non plus uniquement le temps de la scolarité. La vie n’est plus linéaire ni stable, mais est organisée en cycles, et nous vivons beaucoup de fins et de débuts (divorces, différents emplois, familles recomposées, nouvelles passions…). Les choix se font de manière plus individualiste. Le changement est devenu une normalité.

Les 3 types de changement

Le changement est un processus perpétuel, extérieur et intérieur à l’individu. Nous pouvons considérer 3 types de changement :

  • Le changement de type 0 est permanent, difficilement perceptible et ne nécessite aucun effort de la part de l’individu. Par exemple : « le temps qui passe… »[1]
  • Le changement de type 1 peut être prévu ou non, mais il est visible. Il exige de la part de l’individu une « stratégie d’adaptation comportementale »[2]. Celui-ci doit donc « apprendre à faire quelque chose différemment ». Il permet de maintenir le système équilibré.
  • Le changement de type 2 est le plus souvent non prévisible et profond. Il s’agit du changement « le plus brutal, c’est un changement de paradigme individuel », un « grand bouleversement qui entraîne un repositionnement, c’est un moment de dissonance, le moment où la construction identitaire vacille »[3]. Il remet en cause le système.

Ce n’est pas tant l’évènement qui fait qu’un changement est de type 1 ou 2, mais son impact sur la personne. Ce qui est intéressant ici, c’est de constater que nous vivons tous des changements des différents types. Par exemple :

  • Quelle que soit ma vision du monde et mon niveau de conscience de son état, le temps passe sans me demander mon avis et sans que cela ne soit perceptible à chaque instant (type 0).
  • Ou encore, si je choisis de m’adapter aux canicules à venir en installant une pergola et en isolant au maximum ma maison afin de la garder la plus fraiche possible l’été, je vis un changement de type 1 en m’adaptant naturellement à la situation.
  • Et, lorsque j’ai conscientisé la situation mondiale actuelle et son impact sur le vivant et sur l’Homme, alors, j’entre en changement de type 2. Je me retrouve entre deux mondes qui se confrontent ; un monde en décomposition et un monde en devenir. Et peu à peu, je prends ma place dans le second.

La roue représentant les deux types de changements

F. Hudson propose de comprendre les types de changement 1 et 2 et la manière dont nous les ressentons et les vivons, avec son modèle La roue du changement.

Comme nous l’avons vu plus haut, notre vie n’est pas linéaire, mais constituée d’une succession de cycles. Et, chacun de ces cycles comprend 4 phases, que nous pouvons comparer aux 4 saisons :

1) Phase de croissance (été) : L’énergie est forte et positive et est tournée vers l’extérieur. Durant cette phase, la personne est dynamique, enthousiaste et motivée, elle ressent de la joie, a beaucoup d’envies et d’idées qu’elle concrétise et réalise par l’action.

2) Phase de désalignement (automne) : L’énergie reste forte mais elle commence à décroître et est négative. La personne ressent de l’insatisfaction, de l’agacement, de la colère, de la frustration, elle doute, remet en question et ressasse.

La plupart du temps, avec quelques réajustements, par exemple sur ses habitudes et ses comportements, elle retourne ensuite en phase 1 avec une nouvelle dynamique. On dit qu’elle vit un changement de type 1.

Mais parfois, cela ne suffit pas et les phases 3 et 4 succèdent à la phase 2 :

3) Phase de désengagement (hiver) : L’énergie est faible et négative, tournée vers l’intérieur.  La personne est fatiguée, déprimée, n’est pas motivée, a envie de rien. Elle entre en phase de deuil qui lui permettra de cheminer vers l’acceptation d’un changement profond (de paradigme, ou encore accepter une séparation avec un conjoint, un métier, un proche, une région…, un décès, la révélation de sa nature propre…).


4) Phase de renouveau (printemps) : L’énergie est basse et positive. La personne reprend confiance, se reconnecte au monde extérieur. Elle retrouve peu à peu des envies, un calme intérieur. Elle commence à se remettre en mouvement, à s’ouvrir doucement au monde, aux autres et aux possibles, elle ébauche de nouveaux projets.

Lorsque la personne passe par les 4 phases, on dit qu’elle vit un changement de type 2.

Les deux phrases liées à l’apprentissage

Ce modèle comprend également 2 phases liées à l’apprentissage :

–           Les phases 2 et 3 correspondent à une phase de désapprentissage. Durant cette phase, la personne est en perte de repères et ressent le besoin de solitude, de prendre soin d’elle, de ne plus être dans l’action. Elle est tournée vers le passé.

–           Les phases 4 et 1 correspondent à une phase d’apprentissage. Durant cette phase, la personne ressent le besoin d’aller vers la construction de nouveaux projets et de s’engager. Elle passe à l’action. Elle est tournée vers le futur.

L’intérêt de l’outil dans le cadre du coaching

La roue du changement est un modèle, et nous ne réagissons pas tous de la même façon au changement. Certaines phases peuvent se chevaucher, être plus courtes ou plus longues que d’autres. Et, les besoins de la personne ne sont pas les mêmes selon l’étape dans laquelle elle se trouve actuellement.

Cependant, avoir conscience de l’existence de ce cycle et des spécificités de ses phases, ainsi du fait qu’il s’agisse d’un processus, d’un mouvement, d’une succession de phases n’ayant pas les mêmes énergies, peut permettre de mieux vivre le changement. Se situer parmi elles aide à mieux les accueillir et traverser.

De plus, à toutes les étapes de la roue, une personne en transition peut se faire accompagner en coaching avec pour limite que pour le coach ne fait pas de thérapie. Ainsi, en tant que coach, je n’accompagne pas les personnes si leur besoin relève plutôt d’un accompagnement par un psychologue, un psychiatre ou un thérapeute (ex : Ce qui peut arriver principalement en phase 3).


[1] LINKUP COACHING (2019), « Module 6 : Transitions et changements » in Devenir Consultant Coach, Paris, p. 189

[2] Idem

[3] Idem